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Barjac 2016. Michèle Bernard, sauvée des eaux par Michel Kemper


Telle la Maria Szusanna de sa chanson, elle nous tombe d’un soir d’orage, non sur la grande scène pourtant promise mais plus sûrement et au sec dans une salle de secours aménagée en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. Il tombe des cordes pour cette soirée inaugurale de Barjac mais qui saurait arrêter ce festival et cette dame de la chanson ? Personne. Faut-il pour cela abdiquer la mise en scène et la plupart des éclairages, porter à pertes et profits les balances caniculaires de l’après-midi et accepter que le public soit ainsi serré, massé, compacté, emboité, très étroit. Ce concert-collector n’en fut que plus réussi encore. Et bien plus fort dans le registre de l’émotion, nourri d’applaudissements d’une rare intensité, bien plus forts qu’ailleurs. Que d’l’amour, vraiment.

D’autant que nous n’attendions pas forcément cette livraison de nouvelles chansons, toutes tirées d’un album, Tout’ manières, à sortir à la mi septembre mais déjà en vente ici, en exclusivité. Et largement éventé sur scène. Huit chansons en primeur, ça vous modifie en profondeur un tour de chant, ça contrarie les habitudes, ça vous fait écarquiller plus encore les oreilles pour accueillir ces nouvelles chansons qui, soyez en sûr, deviendront dans pas longtemps des classiques de la Mimi de Saint-Julien.

Bien sûr L’éducation sentimentale, Maintenant ou jamais, Je t’aime, Maria Szusanna, Les vieux les enfants, Quatre-vingt beaux chevaux, Les petits cailloux, que des grandes chansons, presque l’anthologie idéale… Mais surtout ces nouveautés, comme Savon d’Alep qui, association d’idées et de drames, nous emmène dans les hammams syriens, bains-douches muées en bain de sang. Et de ces autres chansons qui, l’air de rien, de ne pas y toucher, nous parlent de l’essentiel : de ces Petites boites chères à Graeme Allwright, toutes pareilles, qui sont plus étroites encore dans ce monde qui rétrécit. De nos clics généreux et dérisoires sur le net pour sauver ci, préserver ça. Désirs de colibri, dit elle…

Il y a cette chanson d’une chanteuse qui parfois doute et retrouve en Mme Anne l’énergie intacte qui l’a fait jadis embrasser ce drôle de métier. Madame Anne, c’est Anne Sylvestre, en duo avec elle sur disque. Anne Sylvestre est dans la salle mais le duo ne se fera pas. Scène étroite, formule trop improvisée, le concert n’est pas son exact format. Qu’importe, il existe, qui plus est dans une ferveur qui en dit long sur l’adhésion du public de Michèle Bernard.

Sur cette scène toute étroite, faite sans doute en ticky-tacky, la chanteuse est confortée, magnifiée par l’art musical accompli de Sandrine de Rosa et Michel Sanlaville, ses complices habituels de Sens dessus dessous. Tout ça vous donne une idée proche de la perfection alors que ce n’est somme toute qu’un concert au pied levé, sauvé des eaux. Un de ces grands moments de Barjac, grands car rares et plus prenants encore, là où on mesure plus et mieux notre rapport à la chanson, à un artiste. Bravo !

Source : http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2016/07/31/barjac-2016-michele-bernard-sauvee-des-eaux/

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