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Michèle Bernard, sa légion d’honneur piraillonne - Nos Enchanteurs


30 septembre 2023, inauguration de l’Espace Michèle-Bernard à Saint-Julien-Molin-Molette :


Photo : Maurice Chalayer

« Nous avons au d’ssus du village / Cercle Jeanne-d’Arc ex-patronage / Plus bas traversons le Ternay / Y a Saint-Joseph rebaptisé / En Espac’ Michèle-Bernard / On y chant’ra jusqu’à tard / On y f’ra… la java ! / Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah » (La Chanson de Saint-Julien-Molin-Molette – 2023)

Du Pré-Battoir, ancienne usine où elle habite depuis plus de quatre décennies, elle déambule paisiblement sur le « Chemin Anne-Sylvestre », bordé l’été de coquelicots et toute l’année d’anciens ateliers de tissage désormais antres de nombreux autres artistes, pour arriver sur ce grand bâtiment qui vient tout juste de revêtir son nom : « Espace Michèle-Bernard », qui se substitue tant à la salle des fêtes qu’à La Passerelle, la salle de spectacles.

Cette initiative lui est tombée dessus il y a deux ans, lors de l’inauguration de ce chemin qu’aimait prendre chaque jour Anne Sylvestre lors de ses séjours en terres piraillonnes. Elle se mit d’abord à jalouser sa copine Anne qui héritait d’un chemin, quand elle ne se voyait offrir que des pierres. Mais quelles pierres !, de ces pavés avec lesquels on peut ériger des barricades comme le fit entre autres Louise Michel (le terme de « piraillon », désignant les habitants de Saint-Julien-Molin-Molette, vient de « pirail » qui jadis voulait dire coléreux, révolté) aussi sûrement qu’on peut bâtir des lieux culturels, oasis d’intelligence et de sensibilité. Dans ce monde fou, ce sont autant de lieux de résistance, de nouvelles et utiles barricades. Et ça, ça lui ressemble, à Michèle Bernard. C’est là que, dès 1992, avec ses copains de Musiques à l’Usine, elle créait ce fameux festival-stage des Oiseaux Rares : les souvenirs joyeux sont aussi solides que le mortier qui unit ces pierres.

Ce fut un événement peu commun que ce samedi 30 septembre à l’Espace Michèle-Bernard : il fallait y être. Plus que la fête à cette incorrigible modeste qu’est la Mimi de Saint-Julien, ce fut celle de la chanson, de cet indicible lien qui nous relie, nous unit. Avec pas moins de quatre chorales : celles d’enfants de l’école, des Clés à Molettes, de Musiques à l’Usine et des Glottes Rebelles, ces dernières à la thématique résolue de chansons de lutte. Et, nous le verrons, de pas mal d’artistes amis, des légions même.

Le public est venu de partout, de Lyon, Marseille ou de Paris et d’ailleurs. Il fallait être fou, très occupé ou les jambes dans le plâtre pour louper ça.

Ceinte de son écharpe aux trois couleurs, Céline, Madame la Maire, est pas peu fière de son initiative et de cette « petite plaque pour une grande personne » qui, après Madame Anne, signe plus encore ce lieu attachant dans la géographie de la chanson, dans les hauts-lieux des rimes et des notes.

Toute une après-midi, une soirée, de chanson, de joie, de retrouvailles. Avec Tour de Bal aussi, qui sait faire valser le public sur d’improbables greffes de chansons, où l’ADN de Brassens étonnamment se marie avec celui de Sardou, de Dassin ou d’autres stars de nos radios. Un groupe excellent, unique, il faut le dire et le redire : préférez-le à tout autre !

Après le repas préparé et pris sur place, c’est cet autre temps fort qu’est le récital, un peu particulier, de la Mimi, alors accompagnée de Pascal Berne, Nicolas Frache et David Venitucci : en partie des titres de son nouvel album, Miettes (J’veux pas d’puce, Et puis voilà…, Le Manège bombardé, Communardes…), quelques autres tirés du passé (Nous les baleines, Les P’tits cailloux, Maintenant ou jamais, Quand vous me rendrez visite, Je t’aime…) et des invités, tous plus prestigieux les uns que les autres : le groupe vocal Évasion, Claudine Lebègue, Jean-Luc Michel et Clélia Bressat-Blum, Rémo Gary, Frédéric Bobin. Que du bonheur ! Ce n’est ni anthologie encore moins intégrale, simplement deux heures de récital et d’amour. Et quelques instants d’éternité, comme ce Ni dieu ni flotte d’un Rémo Gary qui quelques instants avant avait repris, en duo avec Michèle, l’émouvant Ce qu’ensemble on a vu de Bernard Dimey. Que du beau, vous dis-je !

Après ce concert, bien sûr qu’on poursuit devant la buvette. Ça parle, ça chante, ça devise, ça fraternise. L’après Michèle Bernard c’est encore du Michèle Bernard : c’est simplement le bonheur d’être ensemble.

Michel Kemper

Lire l’article en ligne : http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2023/10/02/michele-bernard-sa-legion-dhonneur-piraillonne/

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